L'enfant qui vit dans tes entrailles
L'enfant qui vit dans tes entrailles
se plaint avec raison de tes vaines trouvailles. Il respire à regret l'air épais de tes organes. Il rit de tes chagrins il étouffe sous tes plaintes. A travers tes yeux déçus il voit un monde vibrant de joie. Il voudrait t'imposer un autre point de vue mais tu te gardes bien de l'écouter ou de le consoler. L'enfant qui vit dans ta mémoire réclame sa part de tes pauvres escapades. Il exige moins de mensonges et un plus clair silence. Il en sait autant que toi et se gausse de tes illusions. Il dialogue avec tes ancêtres dont tu as perdu même les visages. Il voudrait te montrer un autre chemin plus vrai mais tu te gardes bien de le compter ou de le libérer |
L'enfant qui vit dans ton silence
connaît le labyrinthe de tes larmes il pourrait te montrer le chemin et libérer ton coeur meurtri il pourrait te conduire au seuil de ton innocence fatale mais tu te gardes bien de reconnaître sa langue natale et tu prétends ne pas voir sous vos pieds le gouffre noir où dérivent, d'étoile en étoile tous les fantômes éperdus de tes cris jamais lancés. L'adulte qui vit dans ta présence a trahi toute enfance et bâti un mur gris devant ton horizon. Il fait mine d'être étranger à sa plainte solitaire et profonde. Il ignore les cris de sa propre histoire et s'égare dans les rumeurs et les détours du pauvre monde. Il ne lève pas les yeux vers l'espace immobile et fugueur, il ne tend pas les bras vers l'étoile inconnue d'où appelle un enfant perdu qui saigne de toutes ses blessures. Alain Suied Extrait de "Rester humain, poèmes pour adolescents" Édition Arfuyen (diffusion : Cerf, Sodis) - Parution mai 2001 |
Tant de fois
Tant de fois j'ai espéré
Que tu me dirais Les mots tant désirés. Mais lorsque c'est arrivé, Tu m'a demandé D'aller avorter J'aurais tant aimé Que tu comprennes mes sentiments Au lieu de malmener mon coeur Si dévasté J'ai tant rêvé de ce jour Où ce petit être serait apprécié. Même si mon coeur est désemparé, Tu seras pardonné Laisse-moi juste le temps, Le temps d'oublier |
Ma rencontre avec un avorton
Les rencontres surprenantes laissent une trace indélébile,
Surtout quand l’insolite se confond à l’horrible. Mon médecin m’avait dit que je pourrais le voir, L’avorton que la veille je tuais sans y croire. Assise sur mes toilettes, je sentis son passage, Et avant qu’il ne plonge rejoindre les nuages, Je fis ce qui parait être l’œuvre d’un fou : Je le saisis de mes mains sans le moindre dégoût, Priant qu’on me pardonne ces atroces funérailles. Je portais à ma vue le fruit de mes entrailles : Un gros caillot de sang fumant et pestilentiel. Je le fixai un moment qui sembla éternel. J’ai refermé ma main et broyé l’avorton Comme s’il allait parler de ce que nous faisions Et sentis sa chaleur passer entre mes doigts. Puis je me suis levée, et faisant quelques pas, Je me vis dans la glace, le point toujours serré. J’avais le regard vide et du sang sur les cuisses ; Il coulait à mes pieds comme une rivière de pisse. En desserrant mes mains, les traces que je contemplais |
N’étaient que les restes de mon défunt enfant.
Je courus me rincer presque machinalement ; Et craignant d’avoir perdu toute mon humanité, J’entendis derrière moi le diable qui riait. Auteur : Lanareed |
Toi, oui toi
Toi, oui toi
Qui est tout pour moi, Pourquoi ne m'as-tu pas aidée ? Pourquoi ne m'as-tu protégée ? Tu m'as fait souffrir, Tu m'as regardée perdre le sourire. Tu as tué mon bébé Sans jamais le regretter. Tu as détruit mon esprit Afin de préserver ta petite vie. Ma vie aujourd'hui Tourne autour de lui. Ton enfant dont tu ne voulais pas Et qui était tout pour moi. Auteur : Laloca |
Sans titre
« J'ai déjà choisi les prénoms :
Alexandre si c'est un garçon et Mélanie si c'est une fille.» Dans huit mois, va naître une famille. J'ai regardé dans mes placards et j'ai retrouvé des habits. J'ai regardé dans le hangar : j'ai retrouvé mon petit lit. J'ai tout lavé et tout rangé, en attendant ce nouveau-né ; Mais cette joie n'était que brève, car on m'a privé de ce rêve. Je me suis fait faire l'I.V.G., car ma mère me l'a obligé. Elle m'a dit qu'elle faisait la loi, tant que je vivrai sous son toit. |
Aujourd'hui, j'ai vingt et un ans
et j'attends encore un enfant. Effectivement, je suis majeur, mais toujours la haine dans mon cœur. J'ai une maison, je suis mariée, Mais je suis maître d'un secret : De cette grossesse que j'ai cachée, De ce bébé que j'ai tué. Anonyme |
Besoin d'aimer
Les enfants nous surprennent et nous projettent vers l’avenir.
Aussi, ils nous consolent et portent nos espoirs. Non planifiés, ils nous rendent hospitaliers. Handicapés, ils nous gardent humbles et créatifs. Conçus dans la violence ou la misère, ils nous veulent sages et solidaires. Adoptés, ils nous élèvent en humanité. Les enfants avortés nous manquent. Michel Hermenjat |
1975
Cela fait quarante ans que tu verses des pleurs.
Toutes les nuits tu revois cet enfant en songe. Désormais tu ne crois plus à tous ces mensonges. Je le lis sur ton visage empreint de douleur. Toi qui te déclarais maîtresse de ton corps, Tu ne voulais surtout pas de cette grossesse Et, jeune inconsciente, tu m’as donné la mort, C’est ce choix qui est la cause de ta détresse. Fruit de l’amour sacrifié tu m’as supprimé, Femme à la conscience violée par le système. Pourtant, maman je suis pour toujours ton bébé. Même si tu ne le sais pas, ton enfant t’aime. Anonyme |
L'enfant qui grandit en toi
L’enfant qui grandit en toi
N’a plus sa vie qu’en sursis, Demain tout sera fini, Il n’y aura plus que toi. Ils te l’ont tous aboyé : “Le garder serait folie !” De leur peur, ils t’ont transie ; Tu te feras avorter. Et ils te l’ont assez dit : “Ce bébé n’est qu’un amas ! Il n’existe que par toi, Pas de projet, pas de vie !” Quoi ? Ton corps ? Ton choix ? Ton droit ? Mais son corps n’est pas le tien, Ton choix ignore le Bien, Non, sa mort n’est pas un droit ! Ta raison pourtant l’admet, Et Dieu dans ton coeur le crie : “C’est un Être que tu nies !” Oh, tu le sais mais le tais… Auteur : Jérôme |
Hallucinations nocturnes ?
L'enfant que j'ai tué
Est venu me hanter,
Bien qu'on m'ait assuré
Qu'il n'a pas existé.
Car, enfin, ce fœtus,
N'était qu'un détritus,
Contretemps des Ébats
Avec un super-gars.
Liberté, liberté,
J'ai vécu enivrée.
On m'a débarrassée
Des restes de cuvée.
Les gens vêtus en blanc
Suivis de ceux en vert
Ont récuré mes flancs
Sans me traiter de mère.
Cette nuit, cependant,
M'est apparu l'enfant
Que j'avais liquidé
Dans leur complicité.
Quand il m'a dit: "Maman",
Mon coeur s'est arrêté.
Tout ceci est dément.
"Tu n'as pas existé !"
"Maman, tu sais pourtant"
Que j'ai vécu en toi
L'espace d'un moment,
Celui de ton Émoi.
"Les docteurs et les psys
T'ont seulement servi
À faire un mensonge
Et me passer l'éponge."
"Voilà, mon cher docteur,
Les fruits de la noirceur.
Donnez-moi la journée
Ô sachez m'assommer.
"Je ne veux plus rêver
D'une maternité
Qui n'a pas existé,
Vous me l'aviez juré."
"Madame," qu'il me dit,
"Autant je suis sans Dieu,
Soyez-en assoupie,
Ceci n'a pas eu lieu."
Alors je me suis dit,
Autant il y a Dieu,
Autant mon enfant vit
Et est ainsi heureux.
Il ne m'a pas hanté.
Il m'a fait la faveur
De venir m'inviter
Dans ce même bonheur.
Je dois certes quitter
Le givre de mon cœur
Et savoir accepter
D'aller me confesser.
Ou vais-je préférer
Me hanter par moi-même
Cherchant à oublier
Mon doux enfant qui m'aime ?
Auteur : G. A.
Est venu me hanter,
Bien qu'on m'ait assuré
Qu'il n'a pas existé.
Car, enfin, ce fœtus,
N'était qu'un détritus,
Contretemps des Ébats
Avec un super-gars.
Liberté, liberté,
J'ai vécu enivrée.
On m'a débarrassée
Des restes de cuvée.
Les gens vêtus en blanc
Suivis de ceux en vert
Ont récuré mes flancs
Sans me traiter de mère.
Cette nuit, cependant,
M'est apparu l'enfant
Que j'avais liquidé
Dans leur complicité.
Quand il m'a dit: "Maman",
Mon coeur s'est arrêté.
Tout ceci est dément.
"Tu n'as pas existé !"
"Maman, tu sais pourtant"
Que j'ai vécu en toi
L'espace d'un moment,
Celui de ton Émoi.
"Les docteurs et les psys
T'ont seulement servi
À faire un mensonge
Et me passer l'éponge."
"Voilà, mon cher docteur,
Les fruits de la noirceur.
Donnez-moi la journée
Ô sachez m'assommer.
"Je ne veux plus rêver
D'une maternité
Qui n'a pas existé,
Vous me l'aviez juré."
"Madame," qu'il me dit,
"Autant je suis sans Dieu,
Soyez-en assoupie,
Ceci n'a pas eu lieu."
Alors je me suis dit,
Autant il y a Dieu,
Autant mon enfant vit
Et est ainsi heureux.
Il ne m'a pas hanté.
Il m'a fait la faveur
De venir m'inviter
Dans ce même bonheur.
Je dois certes quitter
Le givre de mon cœur
Et savoir accepter
D'aller me confesser.
Ou vais-je préférer
Me hanter par moi-même
Cherchant à oublier
Mon doux enfant qui m'aime ?
Auteur : G. A.