«J’aurais voulu être écoutée à ce moment-là»
À 45 ans, par crainte de l’avenir et par peur de fragiliser son couple, Nina a préféré avorter. Avec le recul, elle estime avoir manqué d’écoute face à une décision lourde.
Article publié par La Croix le 31/03/2015
Personne ne lui a forcé la main. Personne n’a cherché, non plus, à la culpabiliser. Et pourtant, deux ans après avoir avorté, Nina (1) garde le cœur lourd. En 2013, à l’âge de 45 ans, cette parisienne découvre qu’elle est enceinte. Une grossesse tout à fait inattendue : Nina a eu beaucoup de difficultés à devenir mère, six ans plus tôt. Sa fille est née pour sa plus grande joie après cinq fausses couches. À cette époque, la trentenaire espère avoir un deuxième enfant et ne reprend pas la pilule.
Cependant, l’âge avançant, ce projet s’éloigne : elle n’y croit plus, et son mari, qui a vingt ans de plus qu’elle, juge déraisonnable d’avoir un bébé à un âge où il pourrait être grand-père. En outre, lorsque Nina découvre sa grossesse, les ressources du couple, qui travaille en indépendant, sont irrégulières et les perspectives incertaines.
«J’ai eu peur», confie cette femme douce et posée. Peur de l’avenir, peur que son couple ne se déchire. Sans prendre le temps d’y réfléchir vraiment, à un mois de grossesse, Nina prend rendez-vous avec son généraliste, puis un gynécologue à l’hôpital pour une IVG médicamenteuse. «C’est très intime, on est touché dans sa chair, décrit-elle. Je n’avais pas envie d’en parler à ma famille ou à mes amis.» Sur Internet, elle explore les sites et les forums dédiés, à la recherche d’informations et de témoignages.
«En fait, j’étais très seule face à cette décision, analyse-t-elle aujourd’hui. Les médecins que j’ai rencontrés étaient bienveillants mais à aucun moment ils n’ont cherché à ouvrir la discussion. Or, j’avais besoin d’être écoutée par quelqu’un d’extérieur à mon entourage.» Personne ne lui parle de l’entretien psychosocial – facultatif pour les femmes majeures mais que les médecins sont tenus de systématiquement proposer. «Ils ont sans doute considéré qu’à 45 ans, avec mon bagage culturel, je savais très bien ce que je faisais, décrypte Nina. Mais dans la réalité, les choses sont beaucoup plus complexes. Je pensais être libre mais, sous l’effet de la peur et de l’émotion, la décision ne m’appartenait pas complètement.»
Si elle avait pris le temps d’y réfléchir en profondeur, avec l’aide d’un professionnel, aurait-elle renoncé ? C’est possible, car Nina confie qu’elle avait «toujours un désir d’enfant au fond d’elle-même». «Ce qui est certain, poursuit-elle, c’est que je n’aurais pas été livrée à moi-même, à mes fragilités, j’aurais pu m’approprier les choses. Car, quoi qu’il arrive, il faut faire une place à cet événement.»
En dépit des injonctions de la société, qui voudrait que l’IVG cesse d’être «un droit à part», Nina reste au contraire convaincue qu’«un avortement n’est jamais banal». Favorable à la loi de 1975, elle n’est donc pas très à l’aise avec les évolutions récentes, notamment la suppression de la notion de «détresse» dans le texte. «Je trouve que c’est nier l’importance de cet acte, tout l’enjeu émotionnel qu’il y a derrière», soupire-t-elle.
Marine Lamoureux
(1) Son prénom a été modifié.
Aujourd’hui j’ai appelé le Planning familial
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Aujourd’hui, j’ai appelé le numéro vert du planning familial. Je suis enceinte de deux mois, une « grossesse non désirée », comme on dit. Que me propose-t-on ?
La réponse ne se fait pas attendre : tout d’abord, j’ai le choix. Le choix entre deux méthodes d’IVG, médicamenteuse, ou par aspiration. La seconde est « identique à la pose d’un stérilet : sauf qu’au lieu de poser, on aspire ». Me voilà rassurée. Je demande s’il est possible de discuter avec des femmes qui ont vécu la même situation que moi. Bien sûr ! La dame me donne le numéro d’un autre Planning dans lequel des femmes qui vont avorter se réunissent afin d’en discuter, « et d’avorter ensemble ». Comme c’est convivial ! Remarquons dès l’abord qu’il s’agit de femmes qui vont avorter, et non de femmes qui en ont déjà fait l’expérience.
Je demande timidement : est-il possible d’avoir des témoignages de femmes qui ont choisi de garder leur enfant ? La réponse tombe immédiatement : non, il n’y en a pas. Pourquoi ? Parce que ces femmes-là ne ressentent pas le besoin de témoigner. Ah bon.
Au bout d’un moment, intriguée, la dame me demande : « Mais qu’est-ce qui vous gêne dans le fait d’avorter, puisqu’il n’y a pour vous aucun problème, ni légal ni médical, et que vous ne désirez pas cet enfant ? » Je mentionne timidement le fait que, quand même, c’est un futur bébé, ou au moins un petit être vivant. Vive réaction de l’autre côté : « Non, il faut vous sortir ça de la tête. (Tiens, ma liberté vient d’en prendre un coup). Nous au Planning, on pense que c’est pas un enfant tant qu’on ne désire pas poursuivre la grossesse. A partir du moment où on désire un enfant, alors ça devient un enfant. C’est pour ça que nous parlons de cellule-œuf, et pas de fœtus, et encore moins de bébé. » Même embryon, c’est trop, apparemment.
J’insiste : et si je voulais garder l’enfant, y-a-t-il des endroits où je pourrais être accompagnée ? Silence gêné en face : « Attendez, je vais chercher un prospectus, pour voir ce qu’ils disent… Euh… » J’entends des bruits de papiers remués, et des grattements de gorge. Je dois bien constater que ce n’est pas très pro, pour une femme payée par le gouvernement pour répondre à ce genre de questions. Elle finit par se souvenir qu’il est possible en France d’accoucher sous X, et me donne l’adresse du site internet du CNAOP, « Conseil National pour l’Accès aux Origines Personnelles », c’est-à-dire l’organisme qui permet aux enfants nés sous X de rechercher leurs géniteurs s’ils le désirent. Merci pour l’info.
Ce moment d’hésitation passé, on revient aux choses sérieuses : l’avortement par aspiration. Est-ce que ça fait mal, demandè-je ? « Oui, un peu comme les règles. Mais les femmes qui témoignent parlent surtout d’un sentiment de soulagement. Et puis, sachez que ça ne vous empêchera pas d’avoir des enfants plus tard ! ». Et d’ajouter : « Oui, car on accueille aussi des femmes qui veulent des enfants, mais qui n’y arrivent pas tout de suite. Vous savez, tout ça, c’est aussi dans la tête. C’est amusant, quand on y pense. Quand on n’en veut pas, ça marche, puis quand on en veut, ça ne marche plus ! » Mais ce n’est qu’un « pur hasard, qui n’a rien à voir avec l’IVG ! »
D’ailleurs, il faut faire attention aux anti-IVG, qui se servent de ce type d’arguments pour vous faire peur. « Je dis ça pour vous mettre en garde, comme vous avez l’air de chercher des témoignages. Il ne faut aller que sur les sites du gouvernement et du Planning Familial. » (Sites qui, rappelons-le, ne proposent aucun témoignage de femmes ayant décidé de garder leur bébé, ni aucune information sur les démarches à faire pour cela.)
Désireuse de poursuivre sur cette ligne, le ton se fait plus pressant : « Attention néanmoins à ne pas perdre trop de temps, puisque vous êtes déjà à deux mois ! ». Je rebondis aussitôt : « Que se passerait-il si je dépassais la date-limite ? » – « Nous, au Planning Familial, on pense que ça serait mieux de supprimer cette loi qui fixe une date-limite. C’est pourquoi on est prêts à accompagner les femmes jusqu’à l’étranger s’il le faut. Mais bon, là, je parle en militante. » En militante. La voilà l’information neutre et bienveillante subventionnée par le gouvernement.
Je m’apprête à raccrocher sur ces bonnes paroles, quand la gentille dame insiste une troisième fois pour me donner le numéro du centre d’IVG le plus proche. Je l’accepte, et la dame de conclure : « Je sais que c’est un choix difficile qui vous attend. Mais vous savez, dans la vie, tous les grands moments sont affaire de choix difficiles : choisir ses études, choisir son compagnon, acheter un appartement… Bon courage pour ce choix-là ! »
J’ai 23 ans, je suis en couple depuis deux ans. Je suis agrégée de philosophie. Et je suis enceinte. Toutes ces informations sont parfaitement exactes. (A ceci près que je suis enceinte de 5 mois et non de 2. Je l’avoue, j’ai menti, pour les besoins de la cause.) Voilà les informations que j’étais prête à fournir à mon interlocutrice, pour voir en toute bonne foi ce qu’elle conseillerait à une personne dans ma situation qui hésiterait à garder son bébé. Je les lui aurais communiquées de bonne grâce, si seulement elle me les avait demandées. Mais voilà, toute occupée qu’elle était à me répéter que l’IVG était un choix personnel et qui dépendait de mon histoire, elle n’y a pas pensé. Qu’est-ce que cela veut dire ? Que quelle que soit la situation de la personne qui appelle, la réponse sera la même : une prolifération de détails sur l’IVG et un silence atterrant sur toutes les autres alternatives. J’aurais pu être une gamine de 16 ans violée par son beau-père, ou une cadre supérieure en couple depuis dix ans, cela n’aurait rien changé. Voilà pour l’argument de la détresse.
Venons-en maintenant à l’argument du choix. Outre le fait qu’on peut difficilement aider quelqu’un à faire un choix personnel si on ignore jusqu’à son âge, on peut au moins présumer qu’un choix rationnel présuppose une connaissance éclairée des différentes alternatives qui s’ouvrent à nous. Or ici, si l’IVG est présentée sous son meilleur jour, avec forces détails très rassurants, on ne peut que déplorer l’absence affligeante d’information sur toutes les autres possibilités qui s’offrent à une jeune femme enceinte. La même disproportion est évidente si l’on consulte le site ivg.gouv.fr, où l’on trouvera toutes les informations juridiques et techniques sur ce « droit fondamental de toutes les femmes », mais absolument aucun témoignage personnel, et rien, absolument rien, sur les aides proposées aux femmes qui choisissent de garder leur bébé, sur les associations (comme les foyers Marthe et Marie, par exemple : http://www.martheetmarie.fr/) qui peuvent les soutenir, ni même sur l’adoption et l’accouchement sous X.
C’est ce que j’appellerais une mystification par omission. Une rétention d’information. Une manipulation idéologique. Qu’on ne s’étonne pas ensuite si les sites « anti-IVG » prolifèrent.
Dimanche, je participerai à la Marche pour la Vie, pour demander le droit des femmes à disposer de leur corps. Pour qu’on ne leur confisque pas leur choix. Pour qu’on les informe vraiment sur l’avortement et ses alternatives.
Mais surtout, en tant que femme enceinte, j’irai manifester pour qu’on me rende mon propre corps et celui de mon enfant. Mon enfant, qui n’est pas une cellule-œuf. Mon corps, qui n’est pas une enveloppe manipulable, que l’on peut remplir et vider à loisir. Parce que le prix à payer pour que le Planning Familial puisse diffuser son ignorance, ce sont les femmes enceintes qui le payent. Comment ?
Réfléchissez bien. A l’hôpital, comme me l’a bien dit la gentille dame du Planning Familial, les accouchements et les consultations anténatales se pratiquent au même endroit que les avortements, et par les mêmes personnes. Mon gynécologue ausculte le cœur de mon bébé avec le même instrument qui lui a servi à ausculter le cœur d’un « tas de cellule » cinq minutes auparavant. Quand il regarde mon ventre, il n’y voit pas un lieu de vie. Il y voit le même organe que celui qu’il a dû cureter l’heure précédente. Quand je suis allée voir mon médecin pour la première fois, la première chose qu’il m’a demandée, c’est si ma grossesse était désirée. Le prix à payer pour que l’avortement soit un acte médical comme un autre, c’est que la grossesse soit une maladie comme une autre. Le prix à payer pour libérer le corps de la femme qui avorte, c’est d’aliéner celui de la femme qui accouche. Pour que vos corps puissent être manipulés sans conséquence, le mien devient lui aussi un réceptacle contingent d’un parasite appelé ou non à se développer. Allez consulter les forums de femmes enceintes, vous verrez comment elles vivent le regard et les gestes que posent sur elles des gynécologues-techniciens, qui les branchent et les entaillent, qui les tâtent et les pèsent, comme si elles-mêmes n’étaient plus, tiens donc ! qu’un vulgaire tas de cellule. Je le supporterais aisément, si cela n’affectait pas également le corps de mon enfant, qui n’est pas considéré comme tel par les gynécologues.
Quand même, à cinq mois ! me rétorquerez-vous. C’est oublier qu’il n’y a pas de date-limite pour avorter un bébé trisomique. Et que de toute façon, nous au Planning Familial, on voudrait bien la supprimer, cette date limite. Et puis quand bien même, tenez, en Suisse, elle n’existe même pas !
Dimanche, je manifesterai contre le déni et l’ignorance qui entourent cette difficile question. Je manifesterai que la vie qui grandit en moi est plus que le développement d’une tumeur. J’irai marcher avec mon corps de femme enceinte, ce corps dont, que vous le vouliez ou non, je ne dispose plus, parce que je le partage.
La réponse ne se fait pas attendre : tout d’abord, j’ai le choix. Le choix entre deux méthodes d’IVG, médicamenteuse, ou par aspiration. La seconde est « identique à la pose d’un stérilet : sauf qu’au lieu de poser, on aspire ». Me voilà rassurée. Je demande s’il est possible de discuter avec des femmes qui ont vécu la même situation que moi. Bien sûr ! La dame me donne le numéro d’un autre Planning dans lequel des femmes qui vont avorter se réunissent afin d’en discuter, « et d’avorter ensemble ». Comme c’est convivial ! Remarquons dès l’abord qu’il s’agit de femmes qui vont avorter, et non de femmes qui en ont déjà fait l’expérience.
Je demande timidement : est-il possible d’avoir des témoignages de femmes qui ont choisi de garder leur enfant ? La réponse tombe immédiatement : non, il n’y en a pas. Pourquoi ? Parce que ces femmes-là ne ressentent pas le besoin de témoigner. Ah bon.
Au bout d’un moment, intriguée, la dame me demande : « Mais qu’est-ce qui vous gêne dans le fait d’avorter, puisqu’il n’y a pour vous aucun problème, ni légal ni médical, et que vous ne désirez pas cet enfant ? » Je mentionne timidement le fait que, quand même, c’est un futur bébé, ou au moins un petit être vivant. Vive réaction de l’autre côté : « Non, il faut vous sortir ça de la tête. (Tiens, ma liberté vient d’en prendre un coup). Nous au Planning, on pense que c’est pas un enfant tant qu’on ne désire pas poursuivre la grossesse. A partir du moment où on désire un enfant, alors ça devient un enfant. C’est pour ça que nous parlons de cellule-œuf, et pas de fœtus, et encore moins de bébé. » Même embryon, c’est trop, apparemment.
J’insiste : et si je voulais garder l’enfant, y-a-t-il des endroits où je pourrais être accompagnée ? Silence gêné en face : « Attendez, je vais chercher un prospectus, pour voir ce qu’ils disent… Euh… » J’entends des bruits de papiers remués, et des grattements de gorge. Je dois bien constater que ce n’est pas très pro, pour une femme payée par le gouvernement pour répondre à ce genre de questions. Elle finit par se souvenir qu’il est possible en France d’accoucher sous X, et me donne l’adresse du site internet du CNAOP, « Conseil National pour l’Accès aux Origines Personnelles », c’est-à-dire l’organisme qui permet aux enfants nés sous X de rechercher leurs géniteurs s’ils le désirent. Merci pour l’info.
Ce moment d’hésitation passé, on revient aux choses sérieuses : l’avortement par aspiration. Est-ce que ça fait mal, demandè-je ? « Oui, un peu comme les règles. Mais les femmes qui témoignent parlent surtout d’un sentiment de soulagement. Et puis, sachez que ça ne vous empêchera pas d’avoir des enfants plus tard ! ». Et d’ajouter : « Oui, car on accueille aussi des femmes qui veulent des enfants, mais qui n’y arrivent pas tout de suite. Vous savez, tout ça, c’est aussi dans la tête. C’est amusant, quand on y pense. Quand on n’en veut pas, ça marche, puis quand on en veut, ça ne marche plus ! » Mais ce n’est qu’un « pur hasard, qui n’a rien à voir avec l’IVG ! »
D’ailleurs, il faut faire attention aux anti-IVG, qui se servent de ce type d’arguments pour vous faire peur. « Je dis ça pour vous mettre en garde, comme vous avez l’air de chercher des témoignages. Il ne faut aller que sur les sites du gouvernement et du Planning Familial. » (Sites qui, rappelons-le, ne proposent aucun témoignage de femmes ayant décidé de garder leur bébé, ni aucune information sur les démarches à faire pour cela.)
Désireuse de poursuivre sur cette ligne, le ton se fait plus pressant : « Attention néanmoins à ne pas perdre trop de temps, puisque vous êtes déjà à deux mois ! ». Je rebondis aussitôt : « Que se passerait-il si je dépassais la date-limite ? » – « Nous, au Planning Familial, on pense que ça serait mieux de supprimer cette loi qui fixe une date-limite. C’est pourquoi on est prêts à accompagner les femmes jusqu’à l’étranger s’il le faut. Mais bon, là, je parle en militante. » En militante. La voilà l’information neutre et bienveillante subventionnée par le gouvernement.
Je m’apprête à raccrocher sur ces bonnes paroles, quand la gentille dame insiste une troisième fois pour me donner le numéro du centre d’IVG le plus proche. Je l’accepte, et la dame de conclure : « Je sais que c’est un choix difficile qui vous attend. Mais vous savez, dans la vie, tous les grands moments sont affaire de choix difficiles : choisir ses études, choisir son compagnon, acheter un appartement… Bon courage pour ce choix-là ! »
J’ai 23 ans, je suis en couple depuis deux ans. Je suis agrégée de philosophie. Et je suis enceinte. Toutes ces informations sont parfaitement exactes. (A ceci près que je suis enceinte de 5 mois et non de 2. Je l’avoue, j’ai menti, pour les besoins de la cause.) Voilà les informations que j’étais prête à fournir à mon interlocutrice, pour voir en toute bonne foi ce qu’elle conseillerait à une personne dans ma situation qui hésiterait à garder son bébé. Je les lui aurais communiquées de bonne grâce, si seulement elle me les avait demandées. Mais voilà, toute occupée qu’elle était à me répéter que l’IVG était un choix personnel et qui dépendait de mon histoire, elle n’y a pas pensé. Qu’est-ce que cela veut dire ? Que quelle que soit la situation de la personne qui appelle, la réponse sera la même : une prolifération de détails sur l’IVG et un silence atterrant sur toutes les autres alternatives. J’aurais pu être une gamine de 16 ans violée par son beau-père, ou une cadre supérieure en couple depuis dix ans, cela n’aurait rien changé. Voilà pour l’argument de la détresse.
Venons-en maintenant à l’argument du choix. Outre le fait qu’on peut difficilement aider quelqu’un à faire un choix personnel si on ignore jusqu’à son âge, on peut au moins présumer qu’un choix rationnel présuppose une connaissance éclairée des différentes alternatives qui s’ouvrent à nous. Or ici, si l’IVG est présentée sous son meilleur jour, avec forces détails très rassurants, on ne peut que déplorer l’absence affligeante d’information sur toutes les autres possibilités qui s’offrent à une jeune femme enceinte. La même disproportion est évidente si l’on consulte le site ivg.gouv.fr, où l’on trouvera toutes les informations juridiques et techniques sur ce « droit fondamental de toutes les femmes », mais absolument aucun témoignage personnel, et rien, absolument rien, sur les aides proposées aux femmes qui choisissent de garder leur bébé, sur les associations (comme les foyers Marthe et Marie, par exemple : http://www.martheetmarie.fr/) qui peuvent les soutenir, ni même sur l’adoption et l’accouchement sous X.
C’est ce que j’appellerais une mystification par omission. Une rétention d’information. Une manipulation idéologique. Qu’on ne s’étonne pas ensuite si les sites « anti-IVG » prolifèrent.
Dimanche, je participerai à la Marche pour la Vie, pour demander le droit des femmes à disposer de leur corps. Pour qu’on ne leur confisque pas leur choix. Pour qu’on les informe vraiment sur l’avortement et ses alternatives.
Mais surtout, en tant que femme enceinte, j’irai manifester pour qu’on me rende mon propre corps et celui de mon enfant. Mon enfant, qui n’est pas une cellule-œuf. Mon corps, qui n’est pas une enveloppe manipulable, que l’on peut remplir et vider à loisir. Parce que le prix à payer pour que le Planning Familial puisse diffuser son ignorance, ce sont les femmes enceintes qui le payent. Comment ?
Réfléchissez bien. A l’hôpital, comme me l’a bien dit la gentille dame du Planning Familial, les accouchements et les consultations anténatales se pratiquent au même endroit que les avortements, et par les mêmes personnes. Mon gynécologue ausculte le cœur de mon bébé avec le même instrument qui lui a servi à ausculter le cœur d’un « tas de cellule » cinq minutes auparavant. Quand il regarde mon ventre, il n’y voit pas un lieu de vie. Il y voit le même organe que celui qu’il a dû cureter l’heure précédente. Quand je suis allée voir mon médecin pour la première fois, la première chose qu’il m’a demandée, c’est si ma grossesse était désirée. Le prix à payer pour que l’avortement soit un acte médical comme un autre, c’est que la grossesse soit une maladie comme une autre. Le prix à payer pour libérer le corps de la femme qui avorte, c’est d’aliéner celui de la femme qui accouche. Pour que vos corps puissent être manipulés sans conséquence, le mien devient lui aussi un réceptacle contingent d’un parasite appelé ou non à se développer. Allez consulter les forums de femmes enceintes, vous verrez comment elles vivent le regard et les gestes que posent sur elles des gynécologues-techniciens, qui les branchent et les entaillent, qui les tâtent et les pèsent, comme si elles-mêmes n’étaient plus, tiens donc ! qu’un vulgaire tas de cellule. Je le supporterais aisément, si cela n’affectait pas également le corps de mon enfant, qui n’est pas considéré comme tel par les gynécologues.
Quand même, à cinq mois ! me rétorquerez-vous. C’est oublier qu’il n’y a pas de date-limite pour avorter un bébé trisomique. Et que de toute façon, nous au Planning Familial, on voudrait bien la supprimer, cette date limite. Et puis quand bien même, tenez, en Suisse, elle n’existe même pas !
Dimanche, je manifesterai contre le déni et l’ignorance qui entourent cette difficile question. Je manifesterai que la vie qui grandit en moi est plus que le développement d’une tumeur. J’irai marcher avec mon corps de femme enceinte, ce corps dont, que vous le vouliez ou non, je ne dispose plus, parce que je le partage.
Le bébé dont les photos changent le débat sur l'avortement
Article paru sur aleteia | 25/03/2015
Né à 19 semaines après une fausse couche, Walter n'a vécu que peu de temps hors du ventre de sa mère. Mais suffisamment pour susciter l'émoi et marquer des vies.« Un amas de cellules », « un simple tissu », « juste un fœtus » : autant d'expressions couramment utilisées par les personnes en faveur de l'avortement pour décrire l'enfant à naître dans le but de diminuer l'humanité de ces nouvelles vies. Cependant, cette façon d'étiqueter le fœtus n'est pas ce qui le définit. En témoigne la vie de ce petit bébé.
Né à seulement 19 semaines
À l'été 2013, Walter Joshua Fretz naît après seulement 19 semaines de grossesse. Il ne va vivre que quelques minutes, mais sa si brève vie aura pourtant un impact durable. Les parents de Walter, Lexi et Joshua Fretz, déjà parents de deux filles, attendent avec impatience l'arrivée de leur nouveau bébé quand, peut-on lire sur le blog de Lexi, la future mère commence à souffrir de saignements, ce qui n'est pas nouveau pour elle durant une grossesse. Tout de même inquiète, elle finit par appeler une sage-femme qui lui conseille de se rendre aux urgences. La mère de famille est alors directement conduite à l'infirmerie.
Lexi n'ayant pas atteint les 20 semaines de grossesse – seulement 19 semaines et 6 jours – délai requis selon les règles de l'hôpital, elle doit rester aux urgences. Une heure plus tard, elle entend, soulagée, les battements du cœur de son bébé. Mais pendant qu'elle patiente pour l'échographie, elle commence à ressentir les douleurs familières de l'accouchement. À peine cinq heures plus tard, Lexi donne naissance à son fils, Walter Joshua Fretz. Elle se souvient : « Je pleurais à chaudes larmes à ce moment-là, mais il était parfait. Complètement formé, tout était à sa place ; je pouvais voir son cœur battre dans sa petite poitrine. Joshua et moi, nous regardions notre fils parfait, et si petit ».
Joshua prend alors une décision, apparemment naturelle et insignifiante, mais qui va marquer un tournant, et même devenir une bouée de sauvetage pour de nombreuses personnes. Avec l'appareil de Lexi, il prend des photos de son fils. Au début, Lexi s'y oppose, mais les photos de Walter se répandent bientôt partout sur Internet, jusqu'à des mères qui ont perdu leur bébé. Ces photos les aideront à faire leur deuil et soutiendront des femmes qui choisissent alors la vie pour leur enfant à naître.
Une pluie de messages
Lexi a reçu de nombreux messages positifs et en a partagé quelques-uns comme ceux-ci : « Je tombe sur les images de Walter... Je suis enceinte et dans une situation difficile cette semaine. J'ai fait ma première échographie la semaine dernière et c'est un garçon aussi. Mais, cette semaine, je me suis mise à prier pour faire une fausse couche ou pour enfin me décider à mettre un terme à la grossesse, son père fuyant toute responsabilité. Aujourd'hui, j'ai demandé à Dieu de me donner un signe que tout irait bien pour nous ou alors je me faisais avorter demain. Quelques heures plus tard, j'ai vu le lien sur Facebook. J'ai pleuré. Mais, le plus important, est que cela m'a fait comprendre que, sans aucun doute, je ne pouvais pas lui faire cela ».
« Je pensais généralement qu'il existait des raisons pour justifier certains avortements. (...) Mais, maintenant, regarder Walter, couché sur votre poitrine, me remplit de honte pour mes opinions passées. »
« J’ai toujours pensé que c'était le choix d'une femme d'interrompre une grossesse ! Encore une fois, je me trompais, Comment penser ou même imaginer qu'une femme, à ce stade, puisse avorter et que ce ne soit qu'un agglomérat de cellules !. Comme je me trompais !!! Je suis contente que vous ayez choisi de partager votre histoire et les belles photos de ce moment si triste de votre vie. Cela est édifiant ! »
« J'étais enceinte de huit semaines et, pendant trois semaines, j'ai vécu une véritable agonie, ne sachant pas si je gardais le bébé ou si j'avortais (je n'étais pas en état d'avoir des enfants à ce moment-là) ; mais vous m'avez permis de remettre ma vie en perspective. Je peux aimer ce bébé et "me débrouiller", et ceci me suffit pour le moment. Je vais garder l'enfant que je porte et m'en occuper pour l'éternité. »
Ces photos de Walter montrent que l'enfant à naître est un être humain. Elles prouvent, sans l'ombre d'un doute, qu'il s'agit d'une personne, pas d'un amas de cellules. Ce qui soulève la question suivante : pourquoi la loi autorise-t-elle à mettre fin à la vie d'un être humain à naître ? « Le simple fait que l'enfant in utero ne puisse être vu ne signifie pas qu'il n'est qu'un agglomérat de cellules, écrit Lexi. Walter était parfaitement formé et se montrait très actif dans mon ventre. S'il avait eu quelques semaines de plus, il aurait même eu une chance de survivre. (...) Malgré notre douleur, je me réjouis que quelque chose de bon puisse en sortir. Je prie le Seigneur qu'Il continue à utiliser les photos de Walter pour toucher d'autres personnes. »
Pour voir toutes les photos mise en ligne par Joshua et Lexi, cliquez ici.
Mon fils a été conçu lors d’un viol, mais sa vie a de la dignité et un but
Par Jennifer Christie de SaveThe1
Nous vivons dans un pays d’ambiguïtés. « Je suis végétarien, mais je mange du poulet». « J’ai toujours été fidèle, sauf lors de ce week-end à Vegas». Ou, « Je suis pro-vie, sauf dans les cas de viol ou d’inceste». D'accord, écoute, non, tu n’es pas pro-vie, et non, tu ne l’as jamais été.
Si vous m’aviez demandé il y a deux ans mon opinion à propos des grossesses suite à des viols, j’aurais probablement détourné le regard de façon gênée, me serais balancée d’un pied à l’autre et serais devenue, de façon soudaine, absorbée par la finition de mon vernis à ongle. Je me suis toujours considérée pro-vie, mais tout de même... Un viol ?! «Comment pouvons-nous demander à une femme de porter en elle le souvenir d’une telle horreur ?» était ce qui occupait ma pensée, comme bien d’autres femmes d’ailleurs. Même beaucoup de nos responsables religieux et politiques pro-vie les plus fervents font cette exception. Nous parlons de «bébés de viol», comme ils disaient, et «c’est pour le mieux si nous permettons l’avortement dans ces cas». |
Mais ça, c’était il y a deux ans. Les choses ont changé depuis…
Il était très grand, fort et avait un air enfantin. Il n’était pas vraiment présent dans ma vie jusqu’au moment où il est devenu omniprésent. Je me suis débattue jusqu’au moment où je n’en ai plus été capable. Pendant que j’étais en train de devenir une statistique, je me rappelle avoir pensé comment, et ce pour le reste de ma vie, le temps allait être séparé en deux : avant ce moment / après ce moment. Et lors du «après ce moment», je suis devenue quelqu’un d’autre – Quelqu’un de mieux, de plus honnête et de plus forte que ce que je croyais possible.
Pendant ma grossesse, j’ai recherché d’autres histoires semblables à la mienne, et j’ai contacté Rebecca avec SaveThe1, qui m’a dit « Je pense que plusieurs personnes seraient réellement bénies d’entendre votre histoire. Avez-vous pensé à la partager ? ».
«Oh… Je ne sais pas…»
« Seulement les parties que vous désirez partager, peut-être l’engagement que vous avez pris dès le début d’aimer ce bébé, ou l’amour que votre époux lui porte, exactement comme si cet enfant était le sien. Vous êtes mariée, et ce n’est pas un témoignage typique». Hum, un amour inconditionnel. Non, en effet, ce n’était pas une histoire typique.
J’ai pensé aux femmes me ressemblant, aux femmes qui se sont senties seules, vulnérables et terrifiées ; aux femmes qui ont voulu garder leur bébé après avoir été violées, mais qui ont été encouragées à avorter ; aux femmes qui ne connaissaient pas encore la force et le courage dont elles étaient capables.
Que se passerait-il si elles lisaient mon histoire ? Bien que nos circonstances de viol aient probablement été très différentes, peut-être que cela les encouragerait à savoir qu’elles ne sont pas seules. Et qu’en est-il des hommes, les époux et copains des victimes enceintes d’un viol ? Ils pourraient voir qu’il est possible pour eux de tomber en amour avec cet enfant, sans considération pour son ADN ou ses origines. Ils pourraient être témoins d’un mari qui a su reconnaître l’innocence et la beauté de la création de Dieu et qui a simplement vu un bébé se développant dans le corps de sa bien-aimée, ce qui a rendu la décision facile. «D’accord. Partageons mon histoire».
«Violée lors d’un voyage d’affaires» a originalement été publiée en décembre 2014. J’ai prié pour que cette histoire touche le cœur des gens. J’ai prié pour que tous les lecteurs de ce texte se rappellent que Dieu peut faire surgir le Bien d’un très grand mal. J’ai prié pour que les femmes élevant des enfants provenant d’un viol, ou ayant elles-mêmes été enceintes suite à un viol, se sentent encouragées. Et j’ai finalement prié pour toutes ces personnes qui ont initialement cru que je devais avorter, afin qu’elles reconnaissent la valeur du chemin que j’ai décidé d’emprunter. Ce texte racontait seulement à nouveau mon histoire. Ou du moins, c’est ce que je croyais.
Mon histoire a fini par être partagée près d’un million de fois, et ce, grâce à divers moyens de communication, rejoignant de cette façon plusieurs personnes n’étant pas particulièrement concernées par le récit de mon histoire. Les réactions n'ont pas tardé :
« Je ne sais pas pourquoi vous avez voulu partager votre histoire. Ou pourquoi vous vous paradez comme si vous étiez une personne bonne et vertueuse. Vous n’êtes pas la SEULE concernée. Vous avez un enfant qui saura qu’il a été conçu lors d’un viol. Il sera peut-être atteint par cette nouvelle, tout comme il pourra ne pas l’être. Toutes mes félicitations. (Ça sonne horrible ? C’est exactement comme votre attitude envers les autres survivantes qui ont fait un choix différent du vôtre) ».
« J’espère qu’elle se rappellera, quand son enfant agira comme l’homme qui l’a infectée d’un enfant d’un viol en devenant lui-même un violeur, qu’elle est partiellement responsable de cela ».
«… Il n’y a aucune raison devant permettre à cet enfant d’animal de marcher sur la terre ».
« Peut-être y a-t-il eu quelques dommages cérébraux lorsque cette femme a été frappée au visage par son violeur ».
« Les personnes avec cette mentalité devraient comprendre qu'il doivent foutre le camp de ma planète ! Et qu’on décroche avec un cintre ce minuscule dépôt d’ADN de violeur ».
« Quel genre «d’homme» élèverait un enfant conçu par un autre homme lors d’un viol ?? Ces personnes sont mentalement dérangées. Je déteste partager le monde avec des gens aussi fous ».
« Quelle folie ! Son mari est un trouillard et elle, c’est une vraie folle ! J’aurais définitivement mis fin à cette progéniture de Satan. Quelle famille malsaine et tordue ».
« Ce bébé a les mêmes gênes que ceux de l’homme t’ayant agressée et t’ayant donné ce que tu appelles une bénédiction. Cet enfant n’est pas de Dieu mais de Satan ».
« Donc être enceinte après un viol est un cadeau de Dieu ? Si on suit cette religieuse logique, les hommes devraient violer davantage de femmes. Ces gens sont fous ».
« Tout cet article est malsain, écrit par des gens bien-pensants et suffisants ».
« Ce petit garçon aurait dû mourir, car il n’est pas de votre mari. Que pensez-vous que Dieu vous réserve, à vous et à votre bâtard ? ».
Et puis, il y a eu les accusations que je mentais. Que soit je camouflais une autre histoire, ou que toute cette histoire ait été concoctée par la propagande pro-vie/chrétienne, présentée comme un conte de fée.
Donc laissez-moi clarifier : je n’ai pas mentionné une seule fois dans mon texte d’autres victimes de viol. Quiconque a lu des jugements dans mes mots était déjà déterminé à en trouver. Je ne me suis pas une seule fois présentée comme quelqu’un de particulièrement bon ou vertueux. Je suis une pécheresse comme tout le monde. Je n’ai pas dit que c’était dans le plan de Dieu que je sois violée. C’est complètement insensé !
Les êtres humains prennent leurs propres décisions, bonnes ou mauvaises, et nous vivons tous les jours avec les conséquences de ces dernières. Je ne pense pas que ma « grossesse suite à un viol » ait été un cadeau. Mais je crois que mon fils l’a été – pas PARCE qu’il a été conçu lors d’un viol, mais en dépit de cela.
J’ai écrit sans colère ni condamnation et j’ai pourtant touché un nerf sensible, énorme et collectif. Ce n’était pas mon intention, mais je ne fais pas d’excuses. On ne m’intimidera pas au point de me rendre silencieuse. Aucune insulte ou fausse accusation ne m’arrêteront de partager la vérité.
Demandez-moi si je condamne une femme qui avorte après avoir été violée – Non, je ne le fais pas. Est-ce que je crois qu’elle endommage son cœur et son âme de façon irrévocable avec ce choix ? Absolument, oui, je le crois. Est-ce que je crois que l’avortement peut aider certaines femmes à «oublier» l’agression sexuelle ? Que porter «l’enfant du viol» jusqu’à terme est une torture ? Que laisser «l’ADN du violeur» survivre est destructeur pour la société ? Non, non, et non, je ne le crois pas !
Voici les mensonges qui séduisent le cœur des femmes. Quand elles sont le plus détruites et vulnérables, on leur dit « Vous pouvez oublier ». Il n’y a pas d’oubli. Toutes les femmes qui sont passé par le cauchemar d’un viol ont besoin d’un support émotionnel inébranlable. Je n’ai que de l’amour dans mon cœur pour les survivantes de cet acte. Et je prie pour une guérison complète pour chacune d’entre nous.
Après la publication de mon histoire, on m’a aussi reprochée de ne pas avoir mentionné qu’on m’avait offert un Plan B, ce que je faisais comme travail, comment j’avais su que le bébé n’était pas de mon mari, la race de l’homme qui m’avait attaquée (vraiment?) et le délai d'attente pour obtenir les résultats des tests de VIH. Mon récit du viol et les conséquences immédiates n’ont pas été détaillés - c’est vrai. Je ne le voulais pas. Je craignais que le but premier de mon message ne se perde dans les détails. Mais vraiment, ceux qui ont choisi de mettre l’accent sur ce qui manquait dans mon texte se sont donné un excellent moyen de délibérément mal interpréter mon message et mon intention.
Y aurait-il eu une différence si j’avais expliqué que je voyageais très rarement ? Que je suis allée en croisière pour le travail seulement cinq fois en vingt ans de carrière ? Si j’avais spécifié que mon mari avait antérieurement subi une vasectomie, la rapidité avec laquelle nous avons eu les résultats pour le VIH, et mon point de vue personnel concernant le Plan B, est-ce que cela aurait vraiment changé quelque chose ? Si j’avais décidé d’avorter mon enfant et choisi d’écrire un article concernant l’exercice de mes droits, est-ce que toutes ces personnes auraient dit quelque chose ? M’auraient-elles quand même traitée de femme adultère ? Ne répondez-pas – C’était une question de rhétorique.
On me demande souvent ce qu’on va dire à notre fils, si on va lui dire et à quel moment on va lui dire. À travers les milliers de commentaires que j’ai lus, un est sorti du lot. Je le répète intérieurement tous les soirs quand je borde mon petit au lit : «Tout le monde a hurlé que tu ne devais pas être là. Mais ta vie est la preuve de la force de notre amour. On t’a aimé plus fort que ces cris».
Je ne mentirai pas, cela n’a pas été une route facile. Le viol m’avait sérieusement hypothéquée – émotionnellement et physiquement. Les convulsions augmentaient en fréquence et en intensité. Elles ont été originalement attribuées à de l’hypertension de grossesse, et devaient donc disparaître après l’accouchement. Mais les convulsions ont plus tard été diagnostiquées comme étant de l’épilepsie post-traumatique, car j’avais été battue durant le viol – un diagnostic qui a vraiment chamboulé notre vie.
Comment pouvais-je être laissée seule avec un nourrisson, ou n’importe quel de nos jeunes enfants ? Ou même tout simplement laissée seule à moi-même ? Je ne peux pas prédire quand une crise d’épilepsie va survenir. Je ne peux pas prédire si je vais pouvoir ouvrir les yeux en toute sécurité – ou si je vais me retrouver complètement désorientée sur une pile d’oreillers dans mon lit, ou sur le plancher de la salle de bain dans une mare de sang, la tête ouverte par le coin de la table après une chute. Vais-je être un jour capable de conduire ou être assez stable pour retourner travailler ?
Dix-huit mois après avoir accouché, il y a encore plus de questions que de réponses, tandis que je suis assise ici avec des bandages et des pansements, me rétablissant de ma dernière crise convulsive.
Je peux vous entendre – quelques-uns d’entre vous – ceux qui ont dit que ne pas avorter allait amener des tas de difficultés dans ma famille. Il y a en effet de graves problèmes financiers, car mon mari doit rester à la maison avec moi quand les enfants sont à l’école. Ma durée de vie est probablement abrégée à cause du trauma causé par le viol. Nous avons moins de tout, et beaucoup plus de besoins. J’ai raison ? Oui. Mais vous avez tort car nous sommes infiniment plus riches avec ce nouvel enfant. Nos enfants ont beaucoup plus appris sur la patience, le sacrifice et sur ce que signifie être une famille au cours de ces deux dernières années que durant toute leur vie auparavant. Nous avons tous compris des choses concernant le monde dans lequel nous vivons. Le bien est beaucoup plus lumineux que ce que nous pensions, et le mal, tellement plus noir. Nous savons qu’une voix qui parle avec honnêteté et bravoure peut faire la différence, et qu’honorer Dieu est toujours la meilleure chose à faire, même si ça parfois, on a le sentiment qu’on est les seuls à le faire.
Pour toutes les mères qui sont tombées enceintes suite à un viol, laissez-moi vous encourager, mes sœurs ; vous êtes des combattantes, vous êtes des survivantes : soyez la voix ! Soyez la voix qui parle au nom de votre enfant – pour tous ces enfants que même certains pro-vie considèrent comme les exceptions donnant le droit à l’avortement. Soyez la voix pour mettre fin à l’ignorance concernant ceux qu’on appelle «les bébés de viol». C’est incompréhensible à mes yeux que cela puisse être la source d’une quelconque discrimination. Donc soyez la voix de votre enfant, de mon enfant, des plus pauvres d’entre nous. «Ne soyez pas envahies par le mal. Mais laissez le mal se faire envahir par le bien».
Le monde peut être meilleur pour nos bébés. Le monde peut être meilleur GRÂCE à nos bébés.
Aux milliers de personnes dans le monde qui ont envoyé des mots d’amour, des mots priants et des mots de guérison : Vous ne saurez jamais à quel point ils ont été appréciés. Vous êtes merveilleux, et nous vous assurons de nos prières.
Aux milliers de personnes dans le monde qui ont envoyé des mots de méchanceté et de malicieuses intentions : Vous nous avez rendus plus forts et vous nous avez ouvert les yeux sur la noirceur qu’il peut y avoir dans l’âme de certains. Ma famille et moi-même allons continuer à prier pour vous.
"Mon tout petit :
Quand les gens disent qu’on n’aurait pas dû t’avoir,
Nous t’aimons plus fort que tous ces mots.
Quand les gens disent que tu es une erreur,
Nous T’AIMONS plus fort que tous ces mots.
Quand tu te demanderas si tout cela est vrai,
Nous t’aimerons toujours plus fort."
Il était très grand, fort et avait un air enfantin. Il n’était pas vraiment présent dans ma vie jusqu’au moment où il est devenu omniprésent. Je me suis débattue jusqu’au moment où je n’en ai plus été capable. Pendant que j’étais en train de devenir une statistique, je me rappelle avoir pensé comment, et ce pour le reste de ma vie, le temps allait être séparé en deux : avant ce moment / après ce moment. Et lors du «après ce moment», je suis devenue quelqu’un d’autre – Quelqu’un de mieux, de plus honnête et de plus forte que ce que je croyais possible.
Pendant ma grossesse, j’ai recherché d’autres histoires semblables à la mienne, et j’ai contacté Rebecca avec SaveThe1, qui m’a dit « Je pense que plusieurs personnes seraient réellement bénies d’entendre votre histoire. Avez-vous pensé à la partager ? ».
«Oh… Je ne sais pas…»
« Seulement les parties que vous désirez partager, peut-être l’engagement que vous avez pris dès le début d’aimer ce bébé, ou l’amour que votre époux lui porte, exactement comme si cet enfant était le sien. Vous êtes mariée, et ce n’est pas un témoignage typique». Hum, un amour inconditionnel. Non, en effet, ce n’était pas une histoire typique.
J’ai pensé aux femmes me ressemblant, aux femmes qui se sont senties seules, vulnérables et terrifiées ; aux femmes qui ont voulu garder leur bébé après avoir été violées, mais qui ont été encouragées à avorter ; aux femmes qui ne connaissaient pas encore la force et le courage dont elles étaient capables.
Que se passerait-il si elles lisaient mon histoire ? Bien que nos circonstances de viol aient probablement été très différentes, peut-être que cela les encouragerait à savoir qu’elles ne sont pas seules. Et qu’en est-il des hommes, les époux et copains des victimes enceintes d’un viol ? Ils pourraient voir qu’il est possible pour eux de tomber en amour avec cet enfant, sans considération pour son ADN ou ses origines. Ils pourraient être témoins d’un mari qui a su reconnaître l’innocence et la beauté de la création de Dieu et qui a simplement vu un bébé se développant dans le corps de sa bien-aimée, ce qui a rendu la décision facile. «D’accord. Partageons mon histoire».
«Violée lors d’un voyage d’affaires» a originalement été publiée en décembre 2014. J’ai prié pour que cette histoire touche le cœur des gens. J’ai prié pour que tous les lecteurs de ce texte se rappellent que Dieu peut faire surgir le Bien d’un très grand mal. J’ai prié pour que les femmes élevant des enfants provenant d’un viol, ou ayant elles-mêmes été enceintes suite à un viol, se sentent encouragées. Et j’ai finalement prié pour toutes ces personnes qui ont initialement cru que je devais avorter, afin qu’elles reconnaissent la valeur du chemin que j’ai décidé d’emprunter. Ce texte racontait seulement à nouveau mon histoire. Ou du moins, c’est ce que je croyais.
Mon histoire a fini par être partagée près d’un million de fois, et ce, grâce à divers moyens de communication, rejoignant de cette façon plusieurs personnes n’étant pas particulièrement concernées par le récit de mon histoire. Les réactions n'ont pas tardé :
« Je ne sais pas pourquoi vous avez voulu partager votre histoire. Ou pourquoi vous vous paradez comme si vous étiez une personne bonne et vertueuse. Vous n’êtes pas la SEULE concernée. Vous avez un enfant qui saura qu’il a été conçu lors d’un viol. Il sera peut-être atteint par cette nouvelle, tout comme il pourra ne pas l’être. Toutes mes félicitations. (Ça sonne horrible ? C’est exactement comme votre attitude envers les autres survivantes qui ont fait un choix différent du vôtre) ».
« J’espère qu’elle se rappellera, quand son enfant agira comme l’homme qui l’a infectée d’un enfant d’un viol en devenant lui-même un violeur, qu’elle est partiellement responsable de cela ».
«… Il n’y a aucune raison devant permettre à cet enfant d’animal de marcher sur la terre ».
« Peut-être y a-t-il eu quelques dommages cérébraux lorsque cette femme a été frappée au visage par son violeur ».
« Les personnes avec cette mentalité devraient comprendre qu'il doivent foutre le camp de ma planète ! Et qu’on décroche avec un cintre ce minuscule dépôt d’ADN de violeur ».
« Quel genre «d’homme» élèverait un enfant conçu par un autre homme lors d’un viol ?? Ces personnes sont mentalement dérangées. Je déteste partager le monde avec des gens aussi fous ».
« Quelle folie ! Son mari est un trouillard et elle, c’est une vraie folle ! J’aurais définitivement mis fin à cette progéniture de Satan. Quelle famille malsaine et tordue ».
« Ce bébé a les mêmes gênes que ceux de l’homme t’ayant agressée et t’ayant donné ce que tu appelles une bénédiction. Cet enfant n’est pas de Dieu mais de Satan ».
« Donc être enceinte après un viol est un cadeau de Dieu ? Si on suit cette religieuse logique, les hommes devraient violer davantage de femmes. Ces gens sont fous ».
« Tout cet article est malsain, écrit par des gens bien-pensants et suffisants ».
« Ce petit garçon aurait dû mourir, car il n’est pas de votre mari. Que pensez-vous que Dieu vous réserve, à vous et à votre bâtard ? ».
Et puis, il y a eu les accusations que je mentais. Que soit je camouflais une autre histoire, ou que toute cette histoire ait été concoctée par la propagande pro-vie/chrétienne, présentée comme un conte de fée.
Donc laissez-moi clarifier : je n’ai pas mentionné une seule fois dans mon texte d’autres victimes de viol. Quiconque a lu des jugements dans mes mots était déjà déterminé à en trouver. Je ne me suis pas une seule fois présentée comme quelqu’un de particulièrement bon ou vertueux. Je suis une pécheresse comme tout le monde. Je n’ai pas dit que c’était dans le plan de Dieu que je sois violée. C’est complètement insensé !
Les êtres humains prennent leurs propres décisions, bonnes ou mauvaises, et nous vivons tous les jours avec les conséquences de ces dernières. Je ne pense pas que ma « grossesse suite à un viol » ait été un cadeau. Mais je crois que mon fils l’a été – pas PARCE qu’il a été conçu lors d’un viol, mais en dépit de cela.
J’ai écrit sans colère ni condamnation et j’ai pourtant touché un nerf sensible, énorme et collectif. Ce n’était pas mon intention, mais je ne fais pas d’excuses. On ne m’intimidera pas au point de me rendre silencieuse. Aucune insulte ou fausse accusation ne m’arrêteront de partager la vérité.
Demandez-moi si je condamne une femme qui avorte après avoir été violée – Non, je ne le fais pas. Est-ce que je crois qu’elle endommage son cœur et son âme de façon irrévocable avec ce choix ? Absolument, oui, je le crois. Est-ce que je crois que l’avortement peut aider certaines femmes à «oublier» l’agression sexuelle ? Que porter «l’enfant du viol» jusqu’à terme est une torture ? Que laisser «l’ADN du violeur» survivre est destructeur pour la société ? Non, non, et non, je ne le crois pas !
Voici les mensonges qui séduisent le cœur des femmes. Quand elles sont le plus détruites et vulnérables, on leur dit « Vous pouvez oublier ». Il n’y a pas d’oubli. Toutes les femmes qui sont passé par le cauchemar d’un viol ont besoin d’un support émotionnel inébranlable. Je n’ai que de l’amour dans mon cœur pour les survivantes de cet acte. Et je prie pour une guérison complète pour chacune d’entre nous.
Après la publication de mon histoire, on m’a aussi reprochée de ne pas avoir mentionné qu’on m’avait offert un Plan B, ce que je faisais comme travail, comment j’avais su que le bébé n’était pas de mon mari, la race de l’homme qui m’avait attaquée (vraiment?) et le délai d'attente pour obtenir les résultats des tests de VIH. Mon récit du viol et les conséquences immédiates n’ont pas été détaillés - c’est vrai. Je ne le voulais pas. Je craignais que le but premier de mon message ne se perde dans les détails. Mais vraiment, ceux qui ont choisi de mettre l’accent sur ce qui manquait dans mon texte se sont donné un excellent moyen de délibérément mal interpréter mon message et mon intention.
Y aurait-il eu une différence si j’avais expliqué que je voyageais très rarement ? Que je suis allée en croisière pour le travail seulement cinq fois en vingt ans de carrière ? Si j’avais spécifié que mon mari avait antérieurement subi une vasectomie, la rapidité avec laquelle nous avons eu les résultats pour le VIH, et mon point de vue personnel concernant le Plan B, est-ce que cela aurait vraiment changé quelque chose ? Si j’avais décidé d’avorter mon enfant et choisi d’écrire un article concernant l’exercice de mes droits, est-ce que toutes ces personnes auraient dit quelque chose ? M’auraient-elles quand même traitée de femme adultère ? Ne répondez-pas – C’était une question de rhétorique.
On me demande souvent ce qu’on va dire à notre fils, si on va lui dire et à quel moment on va lui dire. À travers les milliers de commentaires que j’ai lus, un est sorti du lot. Je le répète intérieurement tous les soirs quand je borde mon petit au lit : «Tout le monde a hurlé que tu ne devais pas être là. Mais ta vie est la preuve de la force de notre amour. On t’a aimé plus fort que ces cris».
Je ne mentirai pas, cela n’a pas été une route facile. Le viol m’avait sérieusement hypothéquée – émotionnellement et physiquement. Les convulsions augmentaient en fréquence et en intensité. Elles ont été originalement attribuées à de l’hypertension de grossesse, et devaient donc disparaître après l’accouchement. Mais les convulsions ont plus tard été diagnostiquées comme étant de l’épilepsie post-traumatique, car j’avais été battue durant le viol – un diagnostic qui a vraiment chamboulé notre vie.
Comment pouvais-je être laissée seule avec un nourrisson, ou n’importe quel de nos jeunes enfants ? Ou même tout simplement laissée seule à moi-même ? Je ne peux pas prédire quand une crise d’épilepsie va survenir. Je ne peux pas prédire si je vais pouvoir ouvrir les yeux en toute sécurité – ou si je vais me retrouver complètement désorientée sur une pile d’oreillers dans mon lit, ou sur le plancher de la salle de bain dans une mare de sang, la tête ouverte par le coin de la table après une chute. Vais-je être un jour capable de conduire ou être assez stable pour retourner travailler ?
Dix-huit mois après avoir accouché, il y a encore plus de questions que de réponses, tandis que je suis assise ici avec des bandages et des pansements, me rétablissant de ma dernière crise convulsive.
Je peux vous entendre – quelques-uns d’entre vous – ceux qui ont dit que ne pas avorter allait amener des tas de difficultés dans ma famille. Il y a en effet de graves problèmes financiers, car mon mari doit rester à la maison avec moi quand les enfants sont à l’école. Ma durée de vie est probablement abrégée à cause du trauma causé par le viol. Nous avons moins de tout, et beaucoup plus de besoins. J’ai raison ? Oui. Mais vous avez tort car nous sommes infiniment plus riches avec ce nouvel enfant. Nos enfants ont beaucoup plus appris sur la patience, le sacrifice et sur ce que signifie être une famille au cours de ces deux dernières années que durant toute leur vie auparavant. Nous avons tous compris des choses concernant le monde dans lequel nous vivons. Le bien est beaucoup plus lumineux que ce que nous pensions, et le mal, tellement plus noir. Nous savons qu’une voix qui parle avec honnêteté et bravoure peut faire la différence, et qu’honorer Dieu est toujours la meilleure chose à faire, même si ça parfois, on a le sentiment qu’on est les seuls à le faire.
Pour toutes les mères qui sont tombées enceintes suite à un viol, laissez-moi vous encourager, mes sœurs ; vous êtes des combattantes, vous êtes des survivantes : soyez la voix ! Soyez la voix qui parle au nom de votre enfant – pour tous ces enfants que même certains pro-vie considèrent comme les exceptions donnant le droit à l’avortement. Soyez la voix pour mettre fin à l’ignorance concernant ceux qu’on appelle «les bébés de viol». C’est incompréhensible à mes yeux que cela puisse être la source d’une quelconque discrimination. Donc soyez la voix de votre enfant, de mon enfant, des plus pauvres d’entre nous. «Ne soyez pas envahies par le mal. Mais laissez le mal se faire envahir par le bien».
Le monde peut être meilleur pour nos bébés. Le monde peut être meilleur GRÂCE à nos bébés.
Aux milliers de personnes dans le monde qui ont envoyé des mots d’amour, des mots priants et des mots de guérison : Vous ne saurez jamais à quel point ils ont été appréciés. Vous êtes merveilleux, et nous vous assurons de nos prières.
Aux milliers de personnes dans le monde qui ont envoyé des mots de méchanceté et de malicieuses intentions : Vous nous avez rendus plus forts et vous nous avez ouvert les yeux sur la noirceur qu’il peut y avoir dans l’âme de certains. Ma famille et moi-même allons continuer à prier pour vous.
"Mon tout petit :
Quand les gens disent qu’on n’aurait pas dû t’avoir,
Nous t’aimons plus fort que tous ces mots.
Quand les gens disent que tu es une erreur,
Nous T’AIMONS plus fort que tous ces mots.
Quand tu te demanderas si tout cela est vrai,
Nous t’aimerons toujours plus fort."